A PONDICHERY, Augustin Jaykumar BRUTUS est le Correspondant Inde de I-Dialogos International. Il est surtout le fondateur du binôme d’ONGs, “Adecom Network” et “Réseau Adecom” en France, fondateur de la société financière de micro crédit la BRWD en Inde. Il est aussi Fondateur de l'ONGs “INDP” en Inde” et de “INDPenFrance”. Augustin est par ailleurs membre du Groupe International de Coordination de l’AIEP-IAEP, ONG reconnue par l’Unesco et membre du FERAM. l'ONG INDP -Intercultural Network for Development and Peace- propose sa propre approche du “développement holistique” qui intègre la pluralité des besoins des humains. => l'INDP
Les nombreuses analyses publiées sur ce site permettent d'approfondir les débats. Elles n'engagent donc pas I-Dialogos. Merci à leurs auteurs.
GANDHI LE JURISTE
Juriste de formation, Gandhi serait remonté aux sources du conflit et aurait fait l’historique des faits, en notant les failles, les incohérences et ses propres questionnements. Il aurait ainsi relevé que l’état d’Israél n’avait pas été créé en 1948 suite au génocide nazi. Dès 1917 les Britanniques avaient promis l’implantation d’un « foyer national juif » au proche orient.
Comment une nation ( un empire colonial), le Royaume Uni, pouvait-il promettre à un regroupement de personnes ( population juive) sur le territoire d’une troisième entité ( celui des arabes)?
Alors que les premières émeutes éclatent et sont réprimées, les Britanniques s’en remettent à l’ONU qui envoie une commission. Sur la base du rapport de celle-ci, le 29 Novembre 1947, l’Assemblée Générale de l’ONU vote le partage de la Palestine en deux Etats; un état juif (avec 55 % du territoire) et un état arabe. Les lieux saints, surtout Jérusalem, devaient rester administrés par l’ONU.
Les gouvernements arabes comme les Palestiniens vivant sur place considèrent alors cette décision comme une violation du droit des peuples à l’autodétermination. Surgissent les questions: comment se fait-il que le souhait des populations concernées n’a pas été pris en compte? Qu’est ce qui justifie un partage inégal des terres? Comment l’ONU a-t-elle pu violer ses propres lois et transgresser ses idéaux?
Les migrants juifs, de leur côté, souhaitent assurer sur leur nouveau territoire une majorité démographique. L’état d’Israël est proclamé en 1948 sans un démarquage clair et définitif de ses frontières. Lors de la création de l’État d’Israël, quelques 700 000 Palestiniens sont devenus réfugiés entre 1948 et 1949.
Les armées arabes entrent en guerre le lendemain de la proclamation de l’Etat d’Israël. Suite à sa victoire en 1949, l’Etat d’Israël va s’agrandir d’un tiers par rapport au territoire alloué par l’ONU. L’état palestinien ne voit pas le jour. Israël accepte le retour et l’indemnisation des réfugiés de la guerre, mais, dans la pratique, Israël empêchera les réfugiés de revenir. Dès 1948 Israël vote une loi sur les « propriétés abandonnées » qui lui permettaient de confisquer les terres des expulsés. Pour les Palestiniens l’expulsion et la confiscation des terres sont insoutenables. Israël est rapidement admise à l’ONU sans remplir les conditions élémentaires et pratiques relatives à la définition de ses frontières ?
GANDHI CONTRE LA PEUR ET LA HAINE
Gandhi soucieux du respect et de la dignité de la personne, de la paix, seules garanties pour le développement de la personne, aurait sans doute vu les conséquences de ces faits et de ses propres questionnements.
S’il y a un peuple qui aurait pu, qui pourrait toujours, comprendre l’aspiration du peuple palestinien c’est pourtant bien le peuple juif, qui a subi tant de souffrances et d’humiliations et du lui-même errer. Cette terre source de conflit est bien plus qu’un besoin, elle est l’aboutissement pour ces deux peuples d’une longue quête. Cette terre pour ces deux peuples est bien synonyme d’identité, d’ancrage et de tremplin pour construire l’avenir.
Les peuples dans le désarroi et l’extrême souffrance sont plus faciles à se laisser manipuler et donc à servir les intérêts de ceux qui semblent voler à leur secours. Les intérêts de ces derniers déguisés en bonne cause, au lieu d’offrir des solutions durables dans le respect des personnes et des lois, créent de nouveaux conflits leur profitant. Faire faire la guerre en proclamant la paix et en vendant ses armes en attendant la fin de la guerre pour reconstruire sur les ruines…
A la fin de la première guerre mondiale, le traité de Versailles sans discussion aucune avec le vaincu (l’Allemagne) accable et entrave l’Allemagne dans son développement, en la désignant comme seule responsable du conflit. C’est cette paix dictée par les vainqueurs (outre la situation économique dégradée) qui va favoriser la montée du nazisme, en fournissant des arguments à la propagande nationaliste. On en a vu les résultats, mais la leçon n’est pas retenue!
Ainsi ceux qui sont dans la peur et le doute, vivent sur la défensive, sans hésiter à frapper avant pour dissuader. Ils s’engagent dans la spirale de la violence et la violence appelle la violence. Celle-ci en augmentant d’intensité sans faire de différence, va frapper aveuglément plus fort, plus loin, franchissant toutes les limites. La haine née de cette violence, va prendre le relais, et développer son cycle aussi puissant et meurtrier que celle de la violence. La haine se transmettra, se propagera, lèvera les foules de victimes qui n’auront pas besoin de grands discours, se dotera de gros moyens pour passer à l’action. Seule la détermination suffira.
Stanly Johnny dans son article reconstitue l’histoire de Yahya Sinwar et s’interroge :« Yahya Sinwar est le chef du groupe militant islamiste à Gaza et architecte clé de l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël, au cours de laquelle environ 1 200 personnes ont été assassinées… Les Forces de défense israéliennes ont annoncé avoir tué Sinwar lors d'une opération à Rafah à Gaza le 17 octobre 2024… Israël et ses alliés occidentaux ont salué son assassinat. Mais pour le Hamas, il est un « héros devenu un martyr héroïque ».
Comment Sinwar, né dans un camp de réfugiés à Khan Younis, dans le sud de Gaza en 1962, est-il devenu le leader le plus puissant du Hamas et l'ennemi le plus détesté d'Israël ? Son histoire est étroitement liée à celle de nombreux Palestiniens qui ont grandi sous l’occupation et se sont tournés vers le radicalisme pour résister et ont péri dans les guerres, après avoir versé le sang de nombreuses personnes. Les parents de Sinwar étaient originaires d'Al-Majdal, une ville au nord de Gaza, aujourd'hui connue sous le nom d'Ashkelon en Israël. Ses parents ont été forcés de quitter leur foyer en 1948, lors de la création de l’État d’Israël. Sinwar a commencé à s'engagager dans les Frères musulmans dans les années 1980 et a été arrêté une première fois par Israël en 1982, alors qu'il avait 19 ans. Lorsque le Hamas a été fondé en 1987, Sinwar a créé l'organisation de sécurité interne du groupe, al-Majd, qui a été accusée d'avoir ciblé plusieurs Palestiniens « pour collaboration » avec Israël.
En 1988, il fut arrêté par les Israéliens, reconnu coupable du meurtre de 12 Palestiniens et condamné à quatre peines de prison à vie. Il passa 22 ans en prison. Parlant couramment l'hébreu, Sinwar était animé par une profonde antipathie envers l'occupation israélienne de la Palestine et un profond attachement à l'idéologie islamiste du Hamas. La prison israélienne était pour lui une « académie » d'apprentissage. Il a été libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers. À cette époque, le Hamas était déjà au pouvoir à Gaza et Ismail Haniyeh en était le chef. Ancien chef de la sécurité intérieure ayant passé deux décennies dans les prisons israéliennes, Sinwar jouissait déjà d'un statut culte parmi les hauts gradés du Hamas. Il a rapidement gravi les échelons au sein du groupe militant. En 2017, Haniyeh est devenu le chef du Bureau politique du Hamas. Sinwar a été choisi comme chef du groupe à Gaza. Dans les années qui ont suivi, Sinwar a vu la question palestinienne reléguée. Il n’y a pas eu de pourparlers de paix. La classe politique des colons en Israël a commencé à faire pression pour l’annexion des colonies de Cisjordanie…
Mis à l'écart dans une région en pleine mutation, la réponse de Sinwar fut de lancer une attaque meurtrière en Israël…provoquant une violente et massive réponse de Benjamin Netanyahou qui a lancé une guerre de vengeance contre les Palestiniens de Gaza, détruisant une grande partie de l’enclave. Au cours de l’année écoulée, Israël a alors éliminé plusieurs de ses ennemis… Ce sont des victoires tactiques pour l’Etat d’Israël. Mais il reste à vérifier si ces meurtres assureront à Israël la sécurité à long terme, si les blessures causées par les guerres qu’il mène continueront à entrainer l’État juif dans des cycles de violence.(1)
Peut importe qui va gagner, la question est de savoir dans quel contexte, dans quelle ambiance vont pouvoir vivre et se développer les communautés (vainqueurs et vaincus) après le conflit.
GANDHI,LA GOUVERNANCE ET LE DIALOGUE INTERCULTUREL
Gandhi était à la recherche des solutions pratiques, émanant de la base, à la portée des citoyens. Elire des représentants sur la base d’un programme, d’un projet, pour les suivre dans leur représentation, afin de les encourager et les appuyer, mais à les sanctionner dès la moindre dérive. C’est la redevabilité des élus envers leurs électeurs qui favorisera et garantira une bonne gouvernance et une réelle démocratie au sein des pays et encore plus au sein des institutions internationales sensées œuvrer pour tous les peuples.
Pendant la première guerre mondiale, le président américain W.Wilson, à l’origine de la Société Des Nations, souhaite que le nouvel ordre international évite dereproduir la domination européenne d’avant 1914. La SDN dénuée de forces coercitives, n’arrivera pas à faire appliquer ses idéaux et ne durera pas.
C’est le même président américain W.Wilson, qui définit les principes de la paix et parmi eux le droit à l’autodétermination des peuples dans sa déclaration en 14 points du 8 janvier 1918, et qui va multiplier les interventions militaires à l’étranger.
L’essentiel des vraies négociations comme celles des Accords d’Oslo entre la Palestine et Israël ont lieu hors de l’ONU. Et après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, l’ONU, première organisation inter gouvernementale créée pour “promouvoir la coopération entre les nations et pour leur garantir la paix et la sécurité”, à défaut d’être un gouvernement du monde, devient un lieu de régulation et de résolution de conflits.
Le mot multilatéralisme apparaît en 1945 en même temps que la création de l’ONU et présage une nouvelle forme de diplomatie où les relations d’un état avec un autre sont remplacées par un effort d’élaboration collective. Mais dès sa création les 5 membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU obtiennent un droit de veto les mettant à l’abri de toute décision susceptible de gêner leurs propres intérêts !
Le renforcement de la pensée unique, du marché unique, des monothéismes conduit des nations, des peuples, à se croire remplis d’une mission (divine pour certains), à se considérer comme le peuple élu, à se persuader dépositaire d’une vérité révélée, porteuse d’idéaux pour “civiliser, développer et convertir” les autres peuples.
L’imposition des idéaux sisus de sa propre culture, voire de sa propre religion, traduit la non reconnaissance, la non acceptation des idéaux de paix, de fraternité, de liberté qui existent dans d’autres cultures, d’autres religions, d’autres philosophies et spiritualités. Pourtant le respect et l’ouverture aux autres cultures et peuples favoriserait, par le biais d’un dialogue interculturel, la coexistence pacifique, l’ enrichissement et la résolution des conflits.
GANDHI POUR LA NON VIOLENCE ET LA PAIX
Gandhi en a connu des conflits, des souffrances, des destructions, des trahisons. Il a en a connu ou en a été le témoin. Pour passer de la situation du simple témoin impuissant au citoyen engagé, il s’est impliqué dans de multiples actions telles que les grèves de la faim, les marches, les actions d’éducation et de sensibilisation du grand public. Des actions qui revendiquaient la défense des droits au sens large du terme. Il a affiné la philosophie de la non violence pour un faire un outil d’action politique et social au service de la justice, de la paix et de la vérité.
Dans le conflit qui s’éternise et qui tue des innocents, des civils particulièrement des femmes, des enfants et des vieillards, il aurait sans doute entamé une Marche. Comme celle de la marche du sel qui a débuté le 12 mars 1930. Elle contestait la taxe sur le sel du régime colonial. Gandhi était accompagné de 79 des compagnons de son ashram. Le long du chemin, environ 50 000 Indiens le rejoignent. Arrivés au bord de l'océan indien, Gandhi s'avance dans l'eau et recueille dans ses mains un peu de sel. Par ce geste dérisoire et hautement symbolique, il encourage ses compatriotes à mettre fin au monopole de l'État britannique sur la distribution du sel. Sur la plage, la foule, grossie de plusieurs milliers de sympathisants, qui l’imitent et qui recueillent de l'eau salée dans des récipients. Leur exemple est suivi partout dans tout le pays. Les Britanniques jettent alors plus de 60 000 contrevenants avec Gandhi en prison. Les prisonniers, fidèles aux recommandations de Gandhi, se gardent bien de résister. Neuf mois plus tard, le vice-roi britannique, libère les prisonniers et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.
Quand le doute l’habitait, Gandhi se réfugiait dans la méditation. Seul à l’écoute de sa petite voix intérieure, il décidait de l’action qu’il allait entreprendre. Gandhi a laissé un talisman à l’intention de ceux et celles qui sont des témoins impuissants, prisonniers du doute.
"Quand vous serez dans le doute ou quand votre moi s'imposera trop, appliquez le test suivant: rappelez vous la face de l'homme le plus pauvre et le plus faible que vous ayez rencontré et demandez-vous si l'acte que vous envisagez lui sera utile. Va-t-il y gagner quelque chose? Cela va t-il lui rendre le contrôle sur sa propre vie et sa destinée? Autrement dit cela va-t-il conduire au Swaradj, les multitudes qui ont faim dans leurs corps et dans leur esprit? Alors vous verrez vos doutes et vôtre moi se dissiper”.
Les mots comme Gandhi ont fait leurs temps et ont contribué à la construction des humanités. Laissons les, pour nous tourner vers les vivants de notre époque. Pour qu’ensemble avec eux, sans être obligés de faire comme Gandhi, nous puissions trouver des réponses et des actions sur la base d’analyses et de critiques.
Que nous puissions chercher à prévenir les conflits, sans les provoquer par nos égoïsmes, surconsommation, égo et recherche de profits . Que nous apprenions sans déléguer nos droits, nos pouvoirs et nos responsabilités à poser au quotidien, à tous les niveaux et sur tous les sujets ,concernant nos vies, notre futur et celui de l’ensemble du monde, des actes.
Augustin Brutus Jaykumar