Négritude, francophonie, recherche des conditions de réalisation de cette civilisation de l'universel qui serait fondée sur l'interpénétration, le dialogue, l'influence réciproque de toutes les cultures : tels sont les thèmes majeurs de la pensée du poète président L. S. Senghor.
Après avoir montré comment, de tous temps, les sociétés se sont développées par métissage culturel autant que biologique, Senghor considère le DIALOGUEdes cultures et des religions comme le moyen, pour l'humanité du troisième millénaire, de surmonter tant de déséquilibres (qui sont sources de tant de conflits) notamment entre l'"Euramérique" et le Tiers Monde.
Un tel rééquilibrage passe en particulier par la reconnaissance des valeurs de la Négritude - un concept introduit par Aimé Césaire - dans laquelle L. S. Senghor voyait dès 1964 "une pierre d'angle dans l'édification de la Civilisation de l'Universel, qui sera l'oeuvre commune de toutes les races, de toutes les civilisations différentes - ou ne sera pas".
Sa poésie, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences.
Léoplod Sédar Senghor est , pour nous, une référence essentielle, notamment autour de l'indispensable dialogue des cultures et des religions.
Léopold Sédar Senghor est un des hommes politiques phare de l’Afrique et un des poètes majeurs de la « négritude ». Né le 9 octobre 1906 à Joal au Sénégal, il est un brillant élève, et c’est avec son baccalauréat et une bourse d’études en poche qu’il rejoint Paris en 1928. Entré en classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, il rencontre Georges Pompidou, avec qui il se lie d’amitié, mais aussi Aimé Césaire, avec lequel il invente la « Négritude », mouvement littéraire de l’entre-deux-guerres qui affirme une identité « noire » contre la domination coloniale. En 1935, il est reçu à l’agrégation de grammaire, et devient professeur de français. Il est alors le premier Africain à réussir ce concours. Quatre ans plus tard, ses premiers poèmes seront publiés en revue, juste avant sa mobilisation dans l’armée française. Il participe à la campagne de France en 1940 et est fait prisonnier comme des dizaines de milliers d’autres soldats coloniaux. Il est alors interné en France, parce que les Nazis refusaient au nom de leur idéologie raciste que des soldats noirs soient retenus sur le sol allemand. Au sortir de la guerre, deux évènements marqueront les débuts de sa double carrière de poète et d’homme politique : la parution en 1945 son premier recueil intitulé « Chants d’ombre » et son élection la même année comme député du Sénégal à l’Assemblée nationale constituante. En 1948, la parution de « Hosties Noires » et de son « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française » (préfacée par un texte fameux de Jean-Paul Sartre, « Orphée noir »), en fait une voix majeure de la littérature francophone. Jusqu’à l’indépendance du Sénégal il est une figure de la vie politique française – il sera ainsi pendant dix mois en 1955-56 secrétaire d’État à la présidence du Conseil dans le cabinet d’Edgar Faure et participera activement aux débats sur l’autonomie des colonies et l’installation de la Vème République. Premier président de la République du Sénégal en 1960, il gouverne le pays jusqu’en 1980, avant de démissionner en faveur de son premier ministre. En 1983, il est le premier Africain élu à l’Académie française. Décédé en 2001, il laisse une œuvre poétique et littéraire importante, couronnée par une quinzaine de prix littéraires. Dans son livre « Hostie » qui signifie victime d’un sacrifice ou d’un holocauste, Senghor célèbre le sacrifice de ses frères d’armes, soldats noirs des deux guerres mondiales qu’il veut voir honorés au même titre que les résistants et les combattants de la Libération. En 18 poèmes, il mêle les époques, les drames et les moments d’héroïsme, évoquant à la fois les Tirailleurs Sénégalais et les soldats africains américains, et dénonce la tragédie de Thiaroye dans un poème (« Tyaroye ») écrit quelques jours seulement après que l’armée française a massacré en décembre 1944 des tirailleurs sénégalais qui réclamaient le paiement de leur solde. Son « Poème liminaire » contient ces vers célèbres, qui résonnent encore aujourd’hui pour honorer le sacrifice des Tirailleurs Sénégalais et rejeter le racisme et les préjugés : ""Vous Tirailleurs Sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort, Qui pourra vous chanter si ce n'est votre frère d'arme, votre frère de sang? Je ne laisserai pas la parole aux ministres et pas aux généraux, Je ne laisserai pas -non!- les louanges de mépris vous enterrer furtivement, Vous n'êtes pas des pauvres aux poches vides sans honneur, Mais je déchirerai les rires Banania sur tous les murs de France."" Source : Fondation pour la mémoire de l'esclavage