La genèse de la question israélo-palestinienne. Désirée QUAGLIAROTTI

Désirée Quagliarotti est diplômée en économie de l'Université La Parthénope de Naples (Italie). Après une maîtrise en économie et politiques agricoles, elle a obtenu le titre de docteure en économie des ressources alimentaires et de l'environnement. Elle est actuellement membre du comité de rédaction de Global Environment, revue d'histoire et de sciences naturelles et sociales, et assistante éditorial de la revue Meridiana  d'Histoire et de Sciences Sociales. Désirée Al Quagliarotti est également membre du Comité Scientifique du Forum pour l'Agriculture Méditerranéenne de Demain (FOR.MAT). Ses intérêts scientifiques portent sur les interactions entre économie et environnement dans les pays riverains du bassin méditerranéen. Ses recherches portent notamment sur les thèmes suivants : impact du changement climatique et des processus de désertification, économie et gestion des ressources naturelles, sécurité alimentaire, accaparement des terres et de l'eau, migrants environnementaux. Elle vient de lancer une nouvelle campagne d'études sur la question environnementale dans les économies planifiées, avec une référence particulière à l'étude de cas du bassin d'Aral.

Article communiqué par Giuseppe GILIBERTI dans le cadre du partenariat  avec LAB politiche e culture, à Bologne (Iatlie)

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La genèse de la question israélo-palestinienne :  l'histoire que raconte l’histoire

Le conflit actuel entre le Hamas et Israël a ramené la question israélo-palestinienne au centre du débat international, renouvelant l’attention sur les blessures ouvertes et les défis fondamentaux qui rendent difficile la recherche d’une solution et qui satisfasse les rêves et les besoins des deux peuples. 

Les racines historiques de cette crise résident dans un mélange complexe d’événements, d’espoirs et de revendications, liés à cette Terre Promise qui faisait autrefois partie de la vaste mosaïque de l’Empire Ottoman. 

La Palestine ottomane était une société complexe et multiforme, caractérisée par une diversité ethnique et religieuse considérable. La population y était majoritairement composée de communautés arabes musulmanes, avec des minorités chrétiennes et juives, qui coexistaient au sein d'un équilibre social fragile. 

L'économie reposait principalement sur une agriculture traditionnelle de subsistance, et les villages ruraux dominaient le paysage, où la terre représentait le cœur de la vie économique et culturelle. Mais les systèmes agricoles étaient souvent obsolètes et vulnérables aux fluctuations climatiques et aux pressions fiscales de l’administration ottomane. 

Cette réalité, bien qu’apparemment statique, se transformait lentement, un changement qui s’accéléra avec l’arrivée des premières migrations juives. 

Les mouvements sionistes, connus sous le nom d' Aliya (« ascension » ou « ascension » vers la Terre Sainte), ont commencé à émerger vers la fin du XIXe siècle, amenant des Juifs principalement d'Europe de l'Est vers la Palestine, poussés par le besoin croissant d'échapper aux persécutions. 

Les premières colonies se sont ainsi développées pacifiquement grâce à l’achat de terres, souvent auprès de propriétaires absents vivant dans d’autres villes ou régions de l’Empire ottoman. Ces parcelles, parfois marginales et peu productives, devinrent le noyau des premières colonies juives, marquant le début d'un changement qui aura de profondes répercussions sur la région. 

Les historiens désignent généralement le 29 août 1897 comme l’origine de la question israélo-palestinienne, date à laquelle s’est tenu à Bâle le premier congrès sioniste, événement crucial dans l’histoire du peuple juif. 

Organisé par Theodor Herzl, journaliste et intellectuel autrichien considéré comme le père du mouvement sioniste moderne, le congrès a tracé les lignes fondamentales du rêve millénaire du retour à Sion. Environ 200 délégués de différents pays y ont participé, unis dans le but de définir une stratégie commune pour l'avenir des Juifs. Au cours des travaux, des objectifs clés ont été fixés, tels que la création d'un « foyer national » pour le peuple juif en Palestine (sans mentionner explicitement la création d'un État), la promotion de l'immigration juive en Palestine et le soutien à des projets favorisant les colonies, comme le Fonds national juif, destiné à financer l’achat de terrains. 

Les paroles de Herzl, consignées dans son journal le lendemain du congrès, « À Bâle, j'ai fondé l'État juif », représentent une déclaration d'une importance historique et symbolique extraordinaire. Il ne s’agit pas seulement de l’expression d’une intuition ou d’un désir, mais d’un moment décisif qui redéfinit le destin du peuple juif. Elle marque un véritable tournant : de la passivité à l'action, de l'attente messianique à la construction concrète d'un avenir autonome, et de la vision de la communauté juive comme sujet subordonné aux circonstances historiques à la conscience d'un peuple capable de façonner son propre destin, destin concrétisé à travers un projet politique ambitieux et conscient. 

Pendant des siècles, les communautés juives ont accepté leur condition de « peuple sans terre », destinés à vivre en diaspora en attendant une rédemption miraculeuse, espérant la venue du Messie qui apporterait le salut. 

Avec le sionisme, cette perspective a connu une transformation radicale. Le désir d’agir a remplacé l’attente, en utilisant des outils diplomatiques, politiques et institutionnels pour revendiquer le droit à l’autodétermination. Ainsi, les dirigeants sionistes recherchaient le soutien du gouvernement britannique, soulignant l’avantage stratégique d’avoir un nouvel allié pour la protection du canal de Suez… 

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