La prédation minière dans la région des Grands Lacs.  Pierre JACQUEMOT

Membre de l’Académie des sciences d’outre-mer, ancien Ambassadeur de France en République Démocratique du Congo, au Kenya et au Ghana, ancien directeur du développement au Ministère français des affaires étrangères, ancien chef de mission de coopération (Burkina Fao, Cameroun), ancien membre du Cabinet du Ministre Charles Josselin, Pierre Jacquemot est maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et chercheur associé à l’IRIS. 

Il s’agit d’une communication présentée à la rencontre-débat organisée par l’association Fraternité Afrique « La RDC, une opportunité trop délaissée par la France »  le 28 novembre 2024 à l’Académie des sciences d’outre-mer.

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La violence que connaît depuis trente ans l’est de la République démocratique du Congo « fait système », celui d’une « économie politique de la prédation ». 

Elle repose sur la valorisation frauduleuse de la rente tirée de l’exploitation et de l’exportation de l’or, de l’étain, du tantale et du tungstène, sous le contrôle d’abord de forces armées, étatiques ou non étatiques, puis sous celui de trafiquants qui les conduisent vers les circuits d’exportation d’abord au Rwanda et en Ouganda, puis en Asie et en Europe où ils trouvent un débouché dans des industries stratégiques (défense, aéronautique, numérique). 

Les tentatives pour « moraliser » ce système avec la mise en œuvre de normes de régulation, se heurtent à diverses stratégies de contournement/détournement des acteurs des filières concernées. Ils leur enlèvent une partie de leur efficacité. Les drames récurrents sur le plan humain, économique et environnemental qui se poursuivent réclament une approche systémique capable d’appréhender les facteurs des conflits dans leur pluralité et leurs interconnexions.


Le système de prédation minière, source des conflits dans la région des Grands Lacs africains

Depuis le début des années 1990, les conflits armés prolongés et multidimensionnels dans les deux provinces du Kivu et l’Ituri à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), se cristallisent dans des formes d’une rare violence. Parmi les thèses les plus fréquemment avancées pour expliquer la persistance et l’ampleur de ces drames humains se trouve celle qui affirme qu’elle est étroitement associée à la richesse minérale de la région. 
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