Né le 5 février 1949 à Neuilly-sur-Seine, Christian Tremblay est diplômé de l'Institut d’Études Politiques de Paris. À côté d'une carrière administrative de 1972 à 1980 au Ministère des finances, puis, après sa scolarité à l'ENA, à la Mairie de Paris de 1982 à 2014, il est de 1975 à 1985, collaborateur de Michel Jobert, ancien secrétaire général de l’Élysée, ancien ministre des affaires étrangères de Georges Pompidou et ancien ministre du commerce extérieur de F. Mitterrand. En 2002, il soutient une thèse de doctorat en sciences de l'information au carrefour de trois disciplines, linguistique, informatique et droit. Il fonde en 2005 avec plusieurs partenaires l'Observatoire européen du plurilinguisme et organise avec ces derniers les 1res Assises européennes du plurilinguisme à Paris les 24 et 25 novembre 2005. Suivront les 2es Assises à Berlin les 28 et 29 juin 2009 et les 3es Assises à Rome les 10 au 12 octobre 2012 à l’université La Sapienza, les 4es à Bruxelles les 18 au 20 mai 2016. Il dirige le site Internet et la Lettre électronique d'information de l'OEP. Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles, il est chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres et dans l'ordre des Palmes académiques.
Merci à Christian de nous avoir autorisés à reprendre cet article sur le site de I-Dialogos.
https://www.observatoireplurilinguisme.eu/
Le double enjeu du plurilinguisme et de la francophonie
Nous voudrions aborder ici les questions du plurilinguisme et de la francophonie d’un point de vue géostratégique.
Une des tendances fortes aujourd’hui est de défendre une certaine pureté de la langue française, avec toute la difficulté qui s’attache à la définition de la notion même de langue pure.
Un autre tendance est de voir dans la multiplication des anglicismes dont les manifestations sont extrêmement variées l’expression d’un impérialisme des États-Unis.
Une troisième tendance qui s’est développée depuis une dizaine d’années, et l’OEP en est une des expressions, est l’idée que la langue française est effectivement menacée, mais qu’elle n’est pas seule dans cette situation, et que la meilleure façon de défendre la langue française est de défendre aussi les autres langues, ce qui implique de défendre et promouvoir le plurilinguisme par opposition au monolinguisme qui inspire la domination présente de l’anglais.
Il est indispensable de signaler l’existence d’un quatrième courant, qui est celui des personnes et des mouvements qui défendent au niveau mondial la diversité linguistique et culturelle et dont la préoccupation essentielle est la défense des langues en voie de disparition. Et l’on sait qu’il existe aujourd’hui autour de 7 000 langues recensées dans le monde et qu’il en disparaît à peu près une tous les quinze jours d’après le décompte effectué par le linguiste britannique David Crystal.
Il est difficile de naviguer entre ces quatre tendances, d’autant que celles-ci ont leurs forces et leurs faiblesses, qu’elles ne sont pas exemptes de contradictions, et que s’expriment en leur propre sein, et c’est bien normal, des conceptions qui sont loin d’être uniformes.
L’examen au plan des idées de chacun de ces courants serait intéressant, mais dépasserait très vite les limites de cette réflexion.
Avant d’engager la réflexion stratégique, peut-être est-il utile de décrire à grand trait la tendance dominante qui est à l’opposé de ces quatre courants. Elle est difficile à qualifier, car elle représente le « sens commun », au sens où on employait cette expression au XVIIe siècle, c’est-à-dire, l’opinion la plus largement répandue, ou le bon sens, ou la doxa, c’est-à-dire l’opinion dominante qui n’est pas nécessairement l’opinion juste, mais l’ensemble des propositions généralement tenues pour vraies à un moment donné.
Article publié sur le site de l'OPL => Lire la suite